Sainte Lucie - Saint Vincent et les Grenadines

Bonjour à tous,

En ces temps incertains, j’espère que vous allez bien et que notre blog vous apportera quelques « réconforts ».

Nous sommes aussi placés en confinement mais sur le bateau et il est toujours possible d’aller sur un mouillage, nul obligation de rester au port, mais comme la quasi-totalité des îles environnantes sont fermées, il ne reste guère de possibilité.

Avant cette triste période, nous avions décidé de descendre vers le sud visiter Sainte Lucie et Saint Vincent et les Grenadines. Nous disposions de deux semaines avant que mon cousin Frédéric et son amie Cathy ne viennent passer quelques jours de vacances avec nous.

Notre pérégrination a commencé par l’île de Sainte Lucie et la ville de Rodney Bay que nous avons atteint après 4h30 de navigation un peu musclée, vent de travers et mer agitée. Comme nous voulions visiter une partie de l’île, nous avons choisi de nous arrêter dans la marina de Rodney Bay. De toute façon, si nous voulions descendre à terre en toute légalité, c’est un des passages obligés pour les douanes et l’immigration.

Une fois la clearance d’entrée établie, nous avons commencé à user nos baskets pour visiter le vieux fort de Rodney sur Pigeon Island. L’emplacement nous rappelait quelque peu celui de Portsmouth à la Dominique.

Nous avons marché un peu plus d'une heure, le long de la baie en empruntant des rues traversant des quartiers populaires typiques et pittoresques sur lesquelles j'éviterai, quand même, de circuler la nuit.

La visite était agrémentée d’un arrêt alimentaire au restaurant La Jambe de Bois, institution de Pigeon Island.

Décor kitsch et cuisine locale où nous avons dégusté un « rôti » comme il y a 7 ans à la Dominique, justement. Le rôti est une sorte de wrap, de galette roulée avec soit des légumes épicés, soit du poulet, pour le plus courant.

Le lendemain direction Castries par bus. Rien à voir avec les bus en France. Ce sont des petites fourgonnettes de 10 personnes. Castries est la grande ville de Sainte Lucie. Ça grouille de monde surtout quand dans le port se trouve 2 gros paquebots déversant ses centaines voire ses milliers de touristes.

Nous y sommes restés la journée et nous avons profité du grand marché, en rénovation, pour faire le plein de fruits et de légumes (bananes rouges, corossols, pamplemousses, mangues, sapotes au goût de caramel, etc…) à bon prix avec des vendeurs sympathiques surtout quand on leur dit que nous ne sommes pas des américains, les touristes débarqués des paquebots, mais que nous vivons en Martinique.

L’escale suivante nous a vus nous arrêter à Soufrière pour effectuer nos formalités de sortie du territoire. Un mouillage sur bouée avec vue sur les deux Pitons, emblème de Sainte Lucie : deux gros pitons verts sur l’eau bleue. Mais nous ne nous sommes pas fait un ami parmi les boat-boys qui nous accostent assez loin du mouillage pour nous aider, moyennant quelques dollars EC, à prendre une bouée. Ils étaient deux à se tirer "la bourre". Nous avons privilégié le premier à nous avoir abordé. Donc mécontentement de l'autre. Puis le lendemain mécontentement du second car nous avions décidé de prendre une compagnie de taxi ayant pignon sur rue plutôt que le taxi, d'un inconnu, qu'il nous proposait et dont il était assurément l'intermédiaire. Nous avons eu droit à un discours véhément sur les gros riches et les petits pauvres. Peut-être, mais nous avons privilégié la sécurité.

Endroit très joli et rencontre de très beaux bateaux de croisière à la voile, le Royal Clipper, entre autres.

Beaucoup plus sauvage que l’environnement Rodney/Castries, nous avons loué les services d’un taxi exclusif pour visiter une exploitation de cacao Fond Doux Plantation, avec un buffet compris dans la visite, des bains de boues et sources sulfureuses indiquant une activité volcanique bien présente, et une chute d’eau froide. Près de 5 heures de visite et promenade pour environ 80 euros pour nous deux.

Nous n'avons pas vu la fabrication du chocolat, celui-ci étant fabriqué ailleurs sur l'île. Par contre, la visite commentée par un guide bien sympathique a porté sur la culture des fèves de cacao, de leur préparation dont le séchage à l'époque où les machines n'existaient pas. Ce domaine est également une sorte de jardin botanique bien agréable pour flâner.

Après Sainte Lucie nous avons mis le cap sur Saint Vincent pour mouiller dans une petite baie, très typique, Cumberland. La traversée du canal entre Sainte Lucie et Saint Vincent s’est faite dans des conditions optimales, vent de travers 15 nœuds et mer peu agitée, et une ligne de pêche sèchement coupée par un beau spécimen de poisson, qui s’est retrouvé avec un hameçon et quelques mètres de fils dans la gueule et moi bredouille ! Vainqueur, le poisson !

Cette escale n’était que pour une nuit. Nous ne voulions pas nous arrêter dans d’autres endroits où nous aurions pu effectuer notre clearance d’entrée car la réputation de Saint Vincent n’est pas très bonne en matière de sécurité. Quant à Cumberland, il n’y a pas de poste de douanes pour effectuer les formalités alors nous sommes restés sous pavillon jaune, c’est-à-dire que nous avons le droit de mouiller dans les eaux de l’île mais avec interdiction de descendre à terre.

Cette petite baie est très carte postale. Pas de bouée pour le mouillage mais là aussi des boat-boys pour nous prendre en charge. Un équipage, à la marina du Marin, nous avait communiqué deux noms et numéros de téléphone de deux d'entre eux, mais un n'a pas répondu et le deuxième n'est arrivé qu'après que nous ayons été pris en charge par un troisième bien sympathique qui nous a guidé dans le mouillage du bateau avec un ancrage à l'avant et une longue amarre à l'arrière prise sur un cocotier.

Le lendemain nous avions 4 à 5 heures de navigation pour rejoindre Bequia une des îles de Saint Vincent et les Grenadines. Comme c’était un dimanche nous avons attendu le lundi matin pour effectuer notre entrée et éviter ainsi de payer un tarif prohibitif pour déclaration hors temps. Notre première impression a été négative ! Nous étions déçus de voir autant de monde au mouillage, comme à Saint Anne à côté du Marin. Des dizaines et des dizaines de bateaux ! Heureusement, en début de semaine la plupart des bateaux, des catamarans de location partaient vers le sud ou remontaient vers la Martinique. Nous n’étions pas seul mais pas non plus les uns sur les autres.

C'est sur Bequia que nous avons fait notre clearance d'entrée à Saint Vincent. L'île est petite et pourtant nous ne l'avons pas visitée. Hormis le "centre ville" pour les formalités, les courses d'approvisionnement notamment en fruits, et les restaurants, nous sommes restés plus souvent au bateau.

Quelques marches néanmoins le long de la baie sur le Belmont Walkway pour aller vers les commerces, ou sur la plage, à la nage pour Brigitte, en annexe pour moi. Je prends au sérieux mon rôle de surveillance. On ne sait jamais si un barracuda se décidait à venir mordiller les mollets de la nageuse ! Encore que... les plus dangereux ne sont pas ces poissons voraces mais les "dinghies" et autres bateaux de pêcheurs qui naviguent entre les bateaux au mouillage à des vitesses qui les empêchent de voir une tête hors de l'eau ou un simple tuba.

Ne fustigeons pas les pêcheurs locaux, surtout quand ils viennent vous vendre des langoustes comme celles que nous avons achetées. Près de deux kilos pour un prix approximatif de 28 euros. Je pense que si nous étions restés plus longtemps nous aurions pu négocier des achats réguliers avec un prix à la baisse. Se sera pour l'année prochaine.

Pour cette année j'ai équipé le petit barbecue à gaz d'un par-feu et nous avons fait griller la plus grosse, après l'avoir coupée en deux. Je ne vous dis pas le régal, avec un riz créole. Marvellous ! La deuxième, cuite au court bouillon, après un refus de la bestiole à se laisser ébouillanter, ("pauvre bête" a dit Brigitte qui l'a quand même mangée), a été servie le lendemain en salade. Excellentissime !

Là aussi nous avons eu le plaisir de revoir le Star Clipper sous voiles, et une rencontre insolite entre la marine moderne, en l’occurrence un patrouilleur hauturier de la Marine Nationale Française et le Sea Cloud, qui décidément suit le même parcours que nous. Jusqu'à présent, nous n'avions jamais vu autant de bateaux différents en un même endroit. Le sud de la Caraïbe me semble plus recherché que les îles du nord.

Le temps nous a manqué cette année pour continuer vers le sud, Canouan, Carriacou, Tobago Cays, car nous devions être à la marina du Marin pour accueillir Freddy et Cathy qui ont organisé leurs 15 jours de vacances en Martinique en notre compagnie à bord du bateau. Ils sont nos premiers vacanciers à bord et cela nous oblige à réorganiser, un peu, notre environnement. N’oublions pas que notre bateau ne fait que 10.50 m de long. Ce n’est pas un 15 m, donc utilisation optimale des surfaces et volumes disponibles !

Comme nous ignorions les capacités de Cathy à supporter des heures de voile, nous avons organisé leur séjour en deux temps, une première semaine de navigation en étapes de 4 à 5 heures de navigation sur la côte Caraïbe, et la deuxième semaine une visite de l’intérieur de la Martinique en louant une voiture.

La première semaine nous sommes allés aux Anses d’Arlet, petite baie dans laquelle nous avions mouillé en janvier, avec baignade à partir du bateau, plage, randonnée et restaurant.

La randonnée que nous avons organisée partait du bourg des Anses d'Arlet et faisait le tour d'un gros morne, un pic, une colline le long du littoral. Une heure trente de montées et de descentes rocailleuses, à travers une forêt sèche pour arriver à Grand Anse (d'Arlet) et sa plage et ses restaurants. Nous avons retrouvé le Ti Sable, ou nous avions déjeuné il y a 7 ans. Bon et sympa mais sans plus. Peut-être sommes-nous moins surpris aujourd'hui, parce que plus habitués aux subtiles saveurs antillaises dans des restaurants "plus ordinaires". Le retour, toujours à la marche, s'est effectué en vingt minutes par la route. Nous avons fait souffrir la pauvre Cathy par une randonnée suffocante alors qu'il y avait la route et un trottoir bien goudronné. Pas cool !

Puis direction Saint Pierre, mouillage, baignade, restaurant, visite des ruines et du musée de l’éruption de 1902. Si Saint Pierre était une ville qui voulait rivaliser avec Fort de France au début du vingtième siècle, l'éruption volcanique de la Montagne Pelée en 1902 (30 000 morts) a transformé cette ville en gros bourg avec encore les stigmates sur certaines façades de cette éruption. D'ailleurs l'attrait principal est le musée et les ruines de certains monuments d'époque.

Saint Pierre pour nous les plaisanciers est le dernier mouillage possible pour se ravitailler avant de traverser le canal de la Dominique pour rejoindre cette île et après la Guadeloupe. Il y a souvent du monde et il est difficile de trouver un point de mouillage à moins de 15 mètres de profondeur.

Sur le retour, stop à nouveau aux Anses d’Arlet deux jours, avant de rentrer à la marina le dimanche.

Sur cette semaine nous avons eu de bonnes conditions de vent et de mer. Pas plus de 20 nœuds et mer agitée au maximum, sauf bien sûr pour revenir au Marin, où, cette fois-ci nous ne nous sommes pas fait avoir à nous obstiner à tirer des bords, à l’approche du Rocher du Diamant, c’est au moteur que nous avons fini notre navigation : 20 nœuds dans le pif avec la mer qui va bien, l’alizé s’est appelé Volvo !

La deuxième semaine de leur séjour avait été bien préparée avec un certain nombre de visites notamment de rhumerie, la spécialité de la Martinique mais l’épidémie de coronavirus a tout fichu par terre. Le loueur de voiture a annulé tous ses contrats, le confinement a été décrété, les restaurants fermés, aussi la décision a été prise de partir au mouillage à Sainte Anne, à la sortie du chenal du Marin pour quelques jours histoire de pouvoir au moins profiter de la baignade autour du bateau... avec trois poissons dans le bateau difficile de dire non !

Pour ce qui me concerne, en qualité de signe de feu, je ne me suis pas baigné par incompatibilité et j'ai trouvé l'eau un peu froide. Je sais certains vont rire. Un Breton qui n'aime pas l'eau et qui la trouve froide. J'assume ! Même pas peur ! Il n'empêche que certains, que je ne citerai pas, par respect pour autrui, remontaient à bord avec une peau ressemblant à celle d'un poulet déplumé et des lèvres bleues, façon Schtroumpfs.

Le retour à la marina a été suspendu à la confirmation du vol retour sur Paris Orly, compte tenu des dispositions de circulation, de confinement, de retard ou d’annulation de vols. Heureusement pour les cousins leur vol du dimanche était maintenu.

Maintenant nous sommes confinés au ponton, avec quand même 30 degrés et du beau temps, mais, par rapport au début de ce billet, les conditions de navigation ont changé. Plus question d’aller ailleurs, même au mouillage ! De plus, la quasi-totalité des îles environnantes n’acceptent plus de bateaux. Seuls, ceux qui étaient présents sur place peuvent encore rester au mouillage et souvent sans possibilité de descendre à terre. L’aéroport est fermé jusqu’au 30 avril et l’incertitude règne au gré des informations peu réjouissantes. Aux dernières nouvelles de la préfecture, 217 bateaux ont été verbalisés et 485 personnes sur les plages.

La suite au prochain billet en espérant vous retrouver tous en bonne santé. D’ici-là, protégez-vous bien !